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Blue Note VI :
Quand Daniel Bigaré ouvre son atelier.
La tradition est devenue un rituel. Depuis 1996 et son " Blue Note 1er ", le peintre Daniel Bigaré aime à ouvrir son atelier d’Ecury-sur-Coole, dans la campagne chalonnaise, aux amis et au curieux de son art,en compagnie d’un groupe de jazz inspiré par l’ambiance chaleureuse d’une telle rencontre.Le samedi 12 et le dimanche 13 juin 2010, Daniel Bigaré propose son " Blue Note " où il nous promet " des marines, des ports, des paysages en passant par les marchés, souks et autres scènes de rue".
Et l’ artiste d’ Ecury nous en promet encore en évoquant, à propos de ce " millésime 2010 à consommer sans modération " , des " senteurs de Provence " qui " rencontrent des épices africaines" Dans la typique maison champenoise en craie et pans de bois qu’il occupe avec son épouse depuis des années, c’est aussi un voyage auquel nous appelle Daniel Bigaré , une exploration de ses " petits formats " de ces dernières créations comme des plus anciennes.
Daniel Bigaré est loin d’être un inconnu dans le monde des arts. La première exposition de ce pote du dessinateur Cabu, avec qui il a fait les 400 coups artistiques, et créateur du groupe " Peintres en Champagne " remonte à 1976.Depuis, Il ’n’a cessé d’exposer en France comme aux Etats-Unis où, un temps, la Phillips-Flintgalléries de Houston (Texas) et de Palm-Beach (Floride) proposait régulièrement à la vente, certaines de ses plus belles réalisations.Les toiles de Daniel Bigaré, invité d’ honneur de plusieurs salons et lauréat de quelques prix qui ne lui sont jamais montés à la tête , ornent aujourd'hui quelques murs publics comme le Palais de l’ Elysée, l e musée de Soissons , les villes de Vitry-le-François, Bobo-Dioulasso ( Burkina Faso ) ou de Tauberbischofsheim en Allemagne.
Bleu singulier.
En plusieurs décennies de carrière, tout ou presque a été dit sur les " compositions vigoureuses et rythmées " de l’œuvre de Daniel Bigaré, ces " joyeuses verticalités ", ce sens de la couleur maitrisée, après des années de recherche et d’hésitation. Cependant, ses toiles continuent d’opposer un mystère opaque à une tentative de rationalisation. Bien qu’il s’en défende avec vigueur, Daniel Bigaré est devenu un maître. Mais un maître difficile, tant les questions sur son travail restent inassouvies.Dans l’élan coloré de son inspiration, les interrogations affamées demeurent.Où donc Daniel Bigaré va-t-il chercher ses déclinaisons de bleu singulier, sa "Blue Note "personnelle ? Dans quel ciel tire-t-il ses images recomposées ? Comment le monde qu’il nous restitue peut-il avoir cette richesse enluminée, alors même qu’un lucide pessimisme nourrit le regard qu’il porte sur l’humanité et ses hochets ? Un fragment de réponse se love dans la chaleur multicolore de ses compositions. A l’âpreté rude d’un certain paysage breton, Daniel Bigaré préfère à l’évidence la quiétude des couleurs odoriférantes des ports méditerranéens. On y entend presque le clapotis des vagues sur les coques des bateaux, et le chant lancinant des cigales en toile de fond. La rudesse de ses coups de pinceaux s’y trouve ainsi atténuée sans que rien ne soit renié de la vitalité bourrue de ses compositions.
Ce " Blue Note VI " sera donc l’occasion de vérifier encore le dynamisme de l’inspiration du peintre d’Ecury, tout comme la chaleur communicative de son accueil. Car c’est en " copain ", dans la tradition de ceux fraternellement chantés par Brassens, comme l’écrivait le journaliste chalonnais Bernard Hennique, que Daniel Bigaré reçoit.
Raison de plus pour ne pas rater le rendez-vous.
Dominique Charton